Vous êtes admiratif de votre dernière création culinaire, de cette jolie salade que vous venez d’imaginer, de ce petit plat farfelu que vous avez dans la tête. Vous prenez votre appareil photo ou votre smartphone mais cela ne rend pas aussi bien que vous le souhaitez. Vous avez la main heureuse de temps en temps mais vous êtes régulièrement frustré de ne pas faire ressortir tout ce qui vous a ému dans ce plat ? Je vous propose de découvrir mes astuces pour améliorer vos photos culinaires.
Je suis styliste culinaire, je collabore avec des photographes pour créer de belles photos de plats appétissants et gourmands qui donnent envie de cuisiner, de manger ou d’acheter (livres, magazines, carte de restaurants, publicités, packaging).
Je suis aussi blogueuse et je transmets mes recettes et mes astuces pour une cuisine plus créative.
Pour ce faire j’ai besoin de réaliser de jolies images qui traduisent leur délicieux goût et de mettre en lumière toute la beauté des ingrédients.
Allez j’ose le dire et même le montrer, j’ai été débutante, j’ai commencé mon blog avant de devenir styliste et le moins qu’on puisse dire c’est que j’ai progressé.
Mes débuts (à gauche) et mes progrès (à droite)
Bien sûr, c’est comme tout métier cela s’apprend. Il n’existe pas vraiment de formation pour devenir styliste. Souvent on apprend en devenant l’assistant d’une styliste (oui c’est un métier à 90% féminin). J’ai appris en forgeant avec Isabel Brancq Lepage !
Mais je vous dévoile quelques règles de base, quelques secrets pour prendre du plaisir avec vos images et les partager avec encore plus de plaisir.
1. Je cuisine pour la photo?
Vous pouvez préparer une ratatouille et vouloir garder une trace inextinguible de ces magnifiques parfums, de la douceur de ce jus et de la couleur des légumes empourprés.
C’est bien là tout ce que vous vivez mais bizarrement votre photo traduit un amas de légumes mous aux nuances délavées.
La première chose est de cuisiner pour la photo en pensant photo et non manger.
Bien sûr que votre ratatouille va être bonne, mais pour l’image on aimera distinguer les morceaux de légumes pour les reconnaître. Voir le vert frais de la courgette et non une palette de beiges et de gris.
Cuisez les légumes à part, disposez-les gracieusement, nappez d’un peu de sauce tomate et déposez une feuille de basilic.
Si vous voulez que tous les jus se marient, remettez vos ingrédients à cuire et poursuivez la cuisson avant la dégustation.
2. La couleur
Justement vous avez l’habitude de cuire vos légumes tous ensemble et longtemps. Ils perdent leurs vitamines, leur fraîcheur et pour les verts leur chlorophylle.
Le secret de styliste : mettre une pincée de bicarbonate de soude avec vos petits pois, poireaux courgettes(…), ils garderont leur couleur printanière et pétillante.
3. Quel plat pour la photo culinaire?
Il est possible de faire d’agréables portraits d’une daube ou de raviolis raplapla, mais pour démarrer ce n’est pas faire dans la dentelle.
Choisissez des plats avec des ingrédients colorés ou s’ils n’en contiennent pas, rehaussez d’une herbe fraîche, de dés de tomates ou d’oignon rouge, d’un morceau de citron ou de piment d’Espelette.
Si vous voulez prendre des pancakes ou des cookies, faites des petits tas pour avoir du relief. Pour les pizzas ou les plats sans volume mais empreints de recherche graphique dans leur composition, optez pour une photo vue d’avion (prise du dessus). Il est aussi plus facile de composer avec plusieurs ingrédients qu’avec un ou deux, l’œil se balade entre les divers composants. Sinon se joue une partie de ping-pong lassante et ennuyeuse.
4. Quel appareil photo choisir?
Pas besoin d’investir dans un appareil photo de professionnel, une chambre numérique ou des objectifs macro, super chromie, micro-maniaque… Vous pouvez réaliser de superbes choses avec votre smartphone ou un petit compact.
Evidemment si vous avec un boîtier reflex, vos photos seront de meilleure qualité. Plus vous serez pointu dans votre matériel, plus vous pourrez jouer sur les détails de la lumière, les zones de netteté et de flou, la qualité de publication ou d’impression.
Le trépied permet de ne pas changer d’angles de vue toutes les 30 secondes et de pouvoir caler les éléments et de les ajuster. Le matériel importe peu. Ce qui importe c’est ce qui se passe dans l’assiette, la disposition des éléments, la lumière.
5. Lumière naturelle ou flash?
Si vous avez des flashs ou des boîtes lumière ne vous privez pas de faire joujou avec. Mais je pense que pour la majorité d’entre vous, qui lisez cet article, vous n’en possédez pas. Pour démarrer, travaillez en lumière naturelle.
Cela demande des conditions météo douces et uniformes. Si vous habitez Paris (souvent sous son tapis gris) et que votre fenêtre donne au nord, vous avez des dispositions idéales. La lumière ne doit pas trop bouger, pas de soleil direct, sinon on tamise avec une grande feuille de calque. On l’accroche sur la fenêtre ou on la place entre l’appareil et la source de lumière.
La plupart des professionnels travaillent en studio et ne peuvent pas dépendre des aléas du temps mais si vous pouvez choisir le moment où vous pouvez faire votre photo, optez pour le naturel. Mais je vous en supplie, surtout surtout ne prenez plus de photo dans votre cuisine ! Avec le néon qui jaunit votre plat et lui donne un aspect triste et peu ragoûtant.
6. Quelle déco pour mes photos?
Vous voulez mettre en valeur vos plats et vous voulez vous servir de cette jolie vaisselle que vous avez achetée, avec les fleurs roses, les pois jaunes et les carreaux bleus. Hé bien bon courage…
Si vous mettez trop de motifs géométriques, de couleurs et de jolies fleurs coupées, vous aurez une magnifique photo de déco mais au final va-t-on regarder le plat qui est censé être la star ?
Cela m’a pris du temps avant de lâcher mes désirs de folie et de décadence dans la déco autour de mes assiettes. Pour composer beaucoup d’éléments, qu’ils soient harmonieux et ne desservent pas le propos, c’est un vrai travail d’orfèvre.
Choisissez la simplicité, le naturel, un décor simple qui raconte une vraie histoire. Si vous calez une ancre de bateau à côté de votre poisson pour raconter la mer, vous risquez d’être grossier.
Faites plutôt des plans serrés où on voit bien les aliments et quelques accessoires en arrière-plan, si nécessaire.
Parfois un morceau de tissu et une fourchette suffisent à contextualiser le plat.
7. Comment faire pour s’améliorer
Au début vous n’aurez sûrement pas des photos dignes des plus grands chefs-d’œuvre que la photographie culinaire mondiale ait connus.
A moins que vous ne soyez le Mozart du stylisme !
Il ne vous reste plus qu’à pratiquer encore et encore pour gravir toutes les petites marches qui vous mèneront vers quoi ? Le graal, la science infuse, la jeunesse éternelle ? Sûrement mais surtout vers de belles images appétissantes et gourmandes. Et c’est déjà beau !
Inspirez vous en regardant les magazines, les livres en tous genres. Notez ce qui vous plaît et tentez de le reproduire pour comprendre les mécanismes de cette image.
Regardez ce qui est à la mode puis trouvez votre propre style, ce qui vous correspond pleinement.
Maintenant c’est à vous de jouer !
crédits photo :
1, 5, 11 Gwenaël Quantin
2 Nadège Schornoz
3, 9, 10 Bénédicte Lambert
4 Maud Maillard
6, 7, 8 Corinne Mayaudon
12 Magali Brecville